Phénologie

 

Les semences de l’Ambroisie ne germent pas toutes immédiatement après leur récolte. La plupart d’entre elles sont en état de dormance. G. VINCENT, au Canada, a établi que les semences pouvaient rester dormantes de nombreuses années, jusqu’à 40 ans. Il est permis de penser que cette durée peut être supérieure puisque 40 ans représentent uniquement la durée de cette observation. Aujourd’hui, la germination et les premiers processus de croissance de la radicule et de la tigelle de la plantule peuvent être prédits grâce à la modélisation, dans diverses conditions de thermopériode, de photopériode ou de potentiel hydrique. Dans le sol, la profondeur d’enfouissement des semences d’Ambroisie module les effets prévisibles de germination : les pourcentages de plantules levées diminuent de 20% lorsque la profondeur d’enfouissement croît de 2 cm à 15cm, ce qui contribue aussi à l’étalement des levées dans le temps.

 

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Croissance

Etudes AFEDA. L'association a étudié la croissance de la plante en 1985, la chronologie de la levée en 1996: ces recherches sont décrites dans ses livres. L’Ambroisie est souvent de petite taille sur les terrains entretenus et de très haute taille dans les terrains vagues et les cultures où elle peut former de véritables buissons. Le développement de cette herbe varie en effet avec la couverture végétale du terrain. L’Ambroisie, dans tous les cas, pousse de façon à dépasser légèrement la taille des plantes avec lesquelles elle se trouve en compétition. Dans le goudron fendillé d’une route, elle ne mesure que quelques centimètres, sur un terrain propre et caillouteux, sans compétition, elle ne dépasse pas 30 à 40 cm, dans un champ de maïs, sur un chantier, elle peut mesurer un mètre; enfin elle peut atteindre 2 mètres, dans un champ de tournesol ou un verger de pêchers. Les plants d’une telle hauteur forment des centaines d’inflorescences, alors que, sur un terrain dénudé, la taille peut être si faible qu’il ne s’en forme qu’une seule. C’est ce polymorphisme qui la rend difficile à identifier par une personne non avertie mais seulement lors des premières tentatives.

 

Floraison

La phénologie de la floraison est bien connue par l’intermédiaire des comptes polliniques effectués par l’AFEDA, il en sera reparlé dans le chapitre «  Comptes polliniques ». Des observations isolées montrent cependant que la floraison peut s’étendre sur un large intervalle de temps. Exceptionnellement le calendrier pollinique 1996 de l’AFEDA a mentionné, pour la région lyonnaise, de rares pollens d’Ambroisie en février et en mai. Il était permis de penser que ces pollens ne correspondaient probablement pas à des pieds fleuris à ces moments-là mais plutôt à des pollens résiduels remis en circulation dans l’air lors d’une activité humaine nécessitant de retourner la terre. La floraison la plus précoce que nous ayons observée l’a été dans l’Ain, le 18 juin 1995, néanmoins des pieds fleuris ont tout de même été notés fin décembre 1996 mais aussi durant l’hiver 2000-2001. Durant cet hiver, particulièrement doux, quelques pieds d’Ambroisie ont résisté jusqu’au léger gel de février. Néanmoins l’un d’eux a passé l’hiver et refleurit abondamment durant l’été 2001. Ces dates extrêmes pourraient correspondre à des conditions particulières d’exposition. Les quelques individus fleuris ont alors un impact limité ou plutôt nul sur la santé puisque peu nombreux.

 

Fructification

La maturation des semences est difficile à suivre. L’étude externe d’un akêne ne permet pas, a priori, de dire s'il est mûr ou non. Dans ces conditions, il est bien difficile de suivre la phénologie de la fructification.

Etude AFEDA. L'association a étudié le nombre de pieds d’Ambroisie sur un même site de 1992 à 1996. Les plantes ont été arrachées régulièrement à partir de la mi-août mais laissées sur place. Malgré cela, la population étudiée s’est multipliée. Si l’hypothèse d’apports externes constants est admise, alors, il est probable que des semences viables ont été produites dès mi-août, ces semences peuvent avoir mûri avant ou après l’arrachage. Quoiqu’il en soit, dès août, la destruction mécanique, donc partielle, de l’Ambroisie n’est plus suffisante pour éviter un réensemencement, il est nécessaire de détruire les plantes.

 

Le pollen

 

Les grains de pollen d’Ambrosia sont sphéroïdaux à sphéroïdaux aplatis, le diamètre équatorial varie d’environ 17 à 29 µm. Ils sont pourvus de 3 sillons et 3 pores (tricolporés), les sillons méridiens sont courts, les pores germinaux sont situés au milieu de la longueur des sillons. L’exine (membrane extérieure) est plus ou moins granuleuse et couverte d’épines courtes. Les Ambrosia sont des plante anémophiles (les grains de pollen sont transportés par le vent pour féconder les fleurs femelles). Ces grains de pollen sont facilement aéroportées en raison de leur faible densité (0,63) et de leur vitesse de sédimentation peu élevée (1,56 cm/seconde, op. cit.), ils peuvent, selon Girsh parcourir jusqu’à 65 km, et beaucoup plus, comme le montrent certaines récentes études avant de se déposer. Il est établi que les conditions d’humidité jouent un rôle important dans l’émission du pollen chez Ambrosia artemisiifolia L. Fischbach, d’après des études effectuées aux Etats-Unis, avance que 45% des grains de pollen sont émis entre le lever du soleil et midi dont 75% avant 6h du matin. Comme la plante a une forte production pollinique, 2,5 milliards de grains pourraient être émis en une seule journée par un seul pied. Un gramme de pollen contient 90 millions de grains, les pollens d’Ambrosia contribuent de façon importante à la « pluie pollinique » dans les régions où elles sont implantées.

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