Comme d’autres espèces d’Ambroisie, A. artemisiifolia semble à l’origine une plante des groupements sur sol plus ou moins salé à recouvrement faible. Elle a envahi secondairement les espaces laissés sans entretien par l’homme et, malgré des exigences écologiques faibles, préfère généralement les sols légers : terres sablonneuses, sols caillouteux, limons battants, limons riches et profonds. Ses besoins en eau, en humidité atmosphérique sont moyens mais elle résiste bien à la sécheresse. Elle préfère les sols riches en azote, elle semble s'accommoder d'une large plage de pH.
Elle se trouve en premier lieu sur les terrains nus, les sols rapportés, non ou mal entretenus, essentiellement là où des travaux d'urbanisme sont effectués : c'est la mauvaise herbe des chantiers, des lotissements de pavillons. Elle pousse là où la terre a été « dérangée ». C'est donc surtout une herbe de banlieue mais la moitié de la population française vit en banlieue !
Cette végétation se multiplie aussi sur les bords des voies de communication, insuffisamment entretenues, toujours à la même époque : zones nues et bords de routes, de voies de chemins de fer, de berges de rivières ou de canaux, de terrains d’aéroports, zones mitoyennes de territoires communaux, communautaires, départementaux, privés. Les bords des rivières ne sont donc pas à l’abri. « En Ardèche, l’une des causes de l'envahissement, de plus en plus marqué, est le transport, d'un point à un autre, de matériaux minéraux nécessaires aux travaux (sable, graviers, pierrailles diverses, terre contaminée) ». Les terrains vagues, les zones laissées enherbées dans les vergers et les jachères, obligatoires depuis la mise en place en 1992 de certains règlements de la Politique Agricole Commune (PAC), ont contribué à favoriser la prolifération de l’Ambroisie. Dans les cultures, les zones privilégiées de colonisation sont celles de haricots, pois, soja, maïs (plutôt sur le pourtour des champs), tournesol, pommes de terre et dans la vallée du Rhône certains vergers.
C'est l'absence de couvert végétal qui, dans tous les cas, permet l'implantation de l'Ambroisie. Elle ne supporte pas la concurrence d'une végétation dense. Il est évidemment souhaitable de favoriser les organismes vivants qui pourraient contribuer à son élimination: c’est le principe de la lutte biologique. Là où l’Ambroisie s’installe en espèce pionnière, elle doit lutter pour établir sa dominance et composer avec les autres organismes du milieu.
Un autre combat se livre au niveau souterrain pour les ressources nutritionnelles : les racines de l’Ambroisie sont bien adaptées à trouver et à exploiter les zones hétérogènes de sol riches en éléments nutritifs, comparativement à d’autres espèces moins performantes Il a été porté récemment une attention particulière aux symbioses, formées par l’Ambroisie avec les champignons mycorhizogènes à arbuscules (MA) du sol. C’est JP. Caussanel qui a mis le premier en évidence cette symbiose.
Référence.-Livre : Déchamp C., Méon H. Ambrosia, Ambroisie, polluants biologiques. Ed. ARPPAM, 2003, p. 54-58.